Comment s’éclater rapidement avec 4 mesures de blues
J’aime les choses qui sonnent bien dès les premières mesures.
C’est le cas de ce morceau blues (voici les 4 premières mesures) :
Ce riff est idéal pour se faire plaisir au piano, et s’affranchir des morceaux blues en accords plaqués sans mélodie et sans rythme.
Ici, les croches pointés doubles à la main droite donnent un entraînement de folie !
Et l’harmonie qui s’en dégage est juste magique.
Ecoutez ce que ça donne
Si vous êtes loin de votre piano lorsque vous lisez ces lignes…
Ou si vous n’avez pas encore le cerveau musical ultime qui vous fait entendre la musique quand vous lisez une partition.
Voici ce que ça donne en audio (joué deux fois à la suite) :
Les avantages de ce Blues
Le rythme et l’harmonie
Le rythme main droite. On en a parlé, c’est très puissant ce schéma de croche pointée-double. Ca fait avancer en lancinant… en claudiquant, mais ça déroule de façon déterminée, sans jamais s’arrêter.
Pour l’harmonie, bien qu’on débute en Do Majeur, vous remarquez des dièses et des bémols. Et en y regardant de plus prés, on a deux accords de 7ème de dominante qui se baladent dans les mesures 1, 2 et 3 (en M1, M2, et M3).
Et c’est bien ça qui donne sa richesse à ce riff piano.
Le croisement des bras
Dans la suite du morceau (que vous pouvez trouver dans le recueil dont on parle en fin d’article), il y a un mouvement qu’on voit rarement : le croisement des bras.
En fait dans les mesures 5 à 8, vous maintenez votre main gauche sur les mêmes accords (les mêmes touches exactement) que mesures 1 à 4.
Mais vous lancez votre main droite deux octaves plus bas pour jouer de M5 à M8 la même mélodie que M1 à M4 (mais donc transposée deux octave plus bas).
En fait vous faite un saute mouton main droite sur main gauche, et vous jouez tout simplement
avec les bras croisés pendant M5 à M8.
C’est la première fois que je faisais ça dans un morceau. Et ça passe.
Eligible au jeu au piano les yeux fermés
C’est un bon morceau pour s’exercer à jouer sans regarder le clavier, sans regarder ses mains.
C’est surtout vrai pour l’extrait présenté sur cette page (M1 à M4).
Vous commencez avec main gauche sur un accord Do Majeur, et main droite sur la note mi.
Donc pour les trouver les yeux fermés c’est facile en utilisant notre technique du Sauvetage des Jumelles à la Brasse.
En plus vous terminez (en M4) là où vous avez commencé.
Donc vous pouvez jouer en boucle, sans regarder vos mains sur le clavier.
Les transpositions
Pour ceux qui possèdent le morceau Mickey Blues en entier à la maison (mesures 1 à 20), vous remarquerez que les mesures 9 à 16 sont tous simplement M1 à M8 transposées quelques tons plus bas. Vous gardez donc les mêmes doigts et réflexes que pour jouer M1-M8 (pratique!).
Enfin, la dernière phrase de la partition est un véritable challenge
Les mesures 17 à 20 enchaînent des croches à la main gauche et à la main droite.
Mais il faut s’accrocher pour les sortir sans couac à une vitesse soutenue.
C’est donc le vrai défi d’agilité du morceau.
Moi je l’ai en plus bossé sans regarder mes mains, donc c’est très formateur 😅
Mais d’où vient ce morceau ?
Quand on l’écoute la première fois, on pourrait penser qu’il a été écrit dans les années 1930, à l’époque des grands bluesmen américain.
Et bien, détrompez-vous ! Ce morceau a été écrit en pleine période disco, à la fin des seventies.
Et par une compositrice Française, s’il vous plait !
En effet, Annick Chartreux a commencé dés 1979 à régaler des générations de pianistes avec ses compositions efficaces et pleine de justesse.
Si vous voulez la version complète du morceau Mickey Blues, vous devez encore pouvoir le trouver en ligne dans le recueil « Piano Jazz Blues 1 Partition » sorti pour la première fois le 1er juillet 1979.
Les recueils d’Annick regorgent de morceaux qui sonnent et qui vous sortent des morceaux « de classiques ».
Ses morceaux sont d’ailleurs souvent utilisés dans les conservatoires musicaux en France pour donner une piqûre de fraîcheur et de motivation aux pianistes intermédiaires ou débutants. C’est comme ça que je les ai découverts il y a quelques années.
Un petit morceau blues ou jazzy d’Annick, et ça repart !